Tout en travaillant à son troisième roman, suite de La Petite Peule et du Coeur n'est pas un genou que l'on plie, Mariama Barry a participé à plusieurs rencontres avec le public : apéro-débat à la Médiathèque de Loubéjac le 13 juin, soirée littéraire et musicale à la Ferme des Lettres le 20 juin, rencontre avec le Club Bonsai de Montauban le 27 juin.
Originaire de Guinée, Mariama Barry naît en 1955 à Dakar. Elle connaît une enfance difficile ; aînée de sept enfants, le divorce de sa mère l'oblige à prendre en charge les tâches ménagères de la famille. Heureusement, il y a ses frères et soeurs, son père, et surtout Paty, sa grand-mère installée dans une modeste case, tout là-bas en Guinée, dans les collines du Fouta-Djalon... Son autobiographie romanesque, La petite Peule, raconte son expérience de fillette africaine et dénonce la non-scolarisation et la déscolarisation des filles. En 2007, écœurée par la crise sociale dans son pays d’origine, elle sort Le cœur n’est pas un genou que l’on plie, dans lequel elle évoque la vie en Guinée sous la dictature de Sékou Touré.
Je m'émerveillais en silence devant ce beau paysage verdoyant. Hautes termitières, terre ocre, montagnes, vallées, vallons, "bowés", collines dorées, chutes d'eau, partout des herbes folles, des fleurs sauvages, des buissons... C'était la beauté incarnée. Tous les jours, des paysages plus pittoresques s'offraient à ma vue. J'aime le beau, ce qui parle à l'imagination et à l'âme.
"La Petite Peule", Mazarine, 2000, p 197.
Me voici, j'ai donc des rêves, des idéaux plein la tête, propulsée dans un monde d'adultes à la dérive. Rien de solide à quoi m'accrocher, personne sur qui compter sauf ma Paty auprès de qui je pouvais me confier et même gémir sur l'envolée de mes belles espérances brisées. Ma plus profonde aspiration était de la rejoindre dans sa case. Malgré un impérieux besoin de contact, je me serais contentée d'un effleurement, d'une caresse, d'une friction dans le dos. A défaut de me masser, grand-mère aurait gardé mes mains, couvertes des siennes, terriennes, toutes chaudes pour m'insuffler son énergie, dans un silence total comme à l'accoutumée.
"Le cœur n'est pas un genou que l'on plie", Gallimard, 2007, p 144-145.